Comment le Networker Nils est devenu La Veuve Kiri

Dans son personnage scénique de La Veuve Kiri, Nils Rickert réunit sa passion pour le drag et la comédie. Nous avons rencontré le Networker zurichois avant et après la première de son premier spectacle.

Nils Rickert aime depuis longtemps bouleverser les stéréotypes de genre avec ses tenues. On a ainsi pu voir ce consultant en gestion porter des talons hauts et du vernis à ongles, associés à des pantalons cargo «masculins», lors d’événements de Network.

Depuis un moment, il caressait secrètement l’idée de monter un programme de stand-up. Il lui a toutefois fallu un premier spectacle de drag pour qu’il parvienne à fusionner drag et comédie dans son esprit, comme deux pièces d’un puzzle. «Ce qui me manquait pour créer mon propre programme, c’était un personnage scénique», raconte Nils, évoquant ce déclic. Il l’a trouvé en La Veuve Kiri.

Rodé à la rhétorique
Nous sommes le 19 août 2024, deux jours avant la première au KWEER de Zurich. Nils se dit «surprenamment calme». «Probablement parce que je vais avoir un public extrêmement bienveillant.» Il a invité une vingtaine de personnes de son entourage, en plus des membres de Network et des intéressés.

Nils possède également une longue expérience en tant qu’animateur d’ateliers, ce qui lui donne l’assurance rhétorique nécessaire pour se sortir avec éloquence et humour des situations délicates. «Cela me donne une certaine sécurité.» De plus, sa colocataire, qui est comédienne, lui a donné ce conseil: «Commence par une blague qui marche, et tu seras tout de suite dedans.»

La veuve joyeuse
Nils a fait ses débuts en drag lors de son 50e anniversaire, dans un petit bar à Marseille. Ce «lieu créatif» avec sa petite scène drag est devenu sa deuxième maison. Lors de sa performance de lipsync et de danse, avec une introduction en français qu’il lisait sur des cartes, il ne se sentait pourtant pas à l’aise.

Il a alors compris que son chemin sur la scène comique se ferait en drag, mais avec un programme en allemand et un personnage qui a une histoire à raconter: La Veuve Kiri.

Le mari de La Veuve Kiri est mort d’une intoxication alimentaire. Depuis, elle ne porte plus que du noir pour montrer son deuil – c’est ce que son avocat lui a conseillé. Outre sa tenue sombre, qui correspond à son histoire, ses signes distinctifs incluent ses peintures faciales et ses colliers de perles.

Jouer contre les regrets
Le programme, qui se déroule lors d’une thérapie de groupe, inclut également des blagues sur la santé mentale. Un sujet approprié pour la comédie? «Bien sûr», affirme Nils. D’autant plus qu’il a lui-même vécu des expériences liées à ce sujet, tout comme des personnes de son entourage.

«Peut-être que je vais me ridiculiser», dit-il avec une certaine légèreté. «Mais je sais simplement qu’on regrette beaucoup plus les choses qu’on n’a pas faites que celles qu’on a faites.» C’est pourquoi il monte maintenant sur scène avec La Veuve Kiri.

À suivre
Trois jours plus tard, Nils ne s’est pas ridiculisé. «Je suis fier et heureux d’avoir fait ce pas. Le public, composé de Networkers, d’amis et de connaissances, m’a énormément soutenu. Ils m’ont permis d’oser cette expérience.»

Il s’est aussi senti à l’aise lors de la discussion qui a suivi sur scène, où il a échangé avec le Networker et présentateur de la SRF, Mario Grossniklaus, sur les coulisses du programme.

Nils est déjà en train d’analyser sa performance de manière critique. «Certaines choses ont bien fonctionné, d’autres moins. La Veuve s’est révélée un peu trop méchante et j’ai peut-être heurté certaines personnes pendant la partie improvisée. Les retours du public sont extrêmement précieux pour améliorer le personnage et le programme. Après une nuit de réflexion, je suis certain qu’il y aura une suite.»