Network sera encore nécessaire dans dix ans

Daniel Seiler est président de Network depuis 2016. Dans cet entretien, il nous raconte comment cela est arrivé, pourquoi Network est important, surtout pour le monde du travail, et pourquoi Network n’est pas une association élitiste d’hommes homosexuels.

Daniel, comment, quand et pourquoi êtes-vous venu à Network ?
Au début des années 90, je suis rentré en Suisse de l’étranger. Mes amis voulaient me convaincre de devenir membre avant, mais je ne le voulais pas. Je suis resté intéressé pendant une période relativement longue et j’ai rejoint le groupe régional de Zurich en 2006. Plus tard, j’ai déménagé à Berne, j’ai changé de groupe et je suis finalement devenu actif au sein du Comité régional.

Depuis 2016, tu es Président de l’association. Comment cela s’est-il passé ?
J’avais co-organisé le Forum des entreprises que Network avais mis en place en 2009 dans le cadre de l’Europride. C’était mon premier contact de travail avec le Comité. Je suis ensuite devenu actif au sein du Comité régional de Berne et j’ai été élu au Comité en 2013, où j’ai pris en charge les finances. Après la démission de Luzi, je lui ai succédé à la Présidence.

Tu as annoncé ta démission lors de l’Assemblée Générale de 2021. En as-tu assez ?
Lorsque j’ai rejoint Network, je n’avais aucune ambition de prendre une fonction de direction au sein de l’association à un moment donné. C’est arrivé comme ça et c’était une bonne chose. Mais à un moment donné, le moment est venu de passer les rênes à d’autres mains. En 2013, le Comité de l’époque a établi une feuille de route avec une grande variété d’objectifs. Ensemble, nous les avons suivis ces dernières années et nous les avons adaptés là où c’était nécessaire. Nous avons fait beaucoup de choses : je pense par exemple au Label Suisse LGBT, à la nouvelle forme de communication, à la rapidité d’esprit de la CoPo et à bien d’autres choses encore. Un nouveau Président devra maintenant inventer quelque chose de nouveau avec le Comité élargi. Lorsque j’ai annoncé ma démission en 2019 pour 2021, j’espérais avoir suffisamment de temps pour trouver et former un successeur. Ce plan est aussi difficile que je le pensais…

A propos de l’AG : quand et sous quelle forme l’AG de 2020 aura-t’elle lieu ? Peux-tu déjà nous en dire plus à ce sujet ?
Le Comité a convenu que l’Assemblée Générale devrait avoir lieu en juin. Cependant, nous devons encore trouver une plate-forme appropriée pour cela. Bien entendu, il ne s’agira pas d’une AG avec présence physique ou d’un échange en tête-à-tête, mais il sera possible de voter sur les transactions.

Ensuite, l’AG de 2021 aura lieu à Bad Ragaz ?
Le Comité n’a pas encore finalisé sa décision. Cela dépend, entre autres, de la façon dont le COVID-19 va évoluer.

Rétrospective : Quels sont les moments forts de Network que tu as gardé en mémoire ?
Après 15 ans chez Network, ces moments sont nombreux et il est difficile d’en distinguer un particulièrement. De nombreux membres engagés font bouger notre association volontairement depuis des années. À l’heure actuelle, cela ne va pas de soi. Cela m’impressionne encore et encore.  En cas de crise personnelle, l’association et ses membres m’ont apporté beaucoup de soutien et d’encouragement, directement ou indirectement. Je vous en suis très reconnaissant.

On entend souvent que Network serait un club élitiste d’hommes gays : frais d’adhésion élevés, procédure d’admission compliquée. Pourquoi ?
Il y a quelque chose de fondamental à dire à ce sujet : Network a été fondé en 1996 par et pour des leaders homosexuels. C’était une époque très différente de celle d’aujourd’hui. Le slogan de l’époque était « Des hommes qui bougent ». Et vous ne pouvez faire bouger les choses qu’avec des ressources : membres, argent et réseau. Avec la cotisation annuelle de 650 francs suisses, nous pouvions et pouvons encore déplacer des moyens importants. Toute personne disposée à payer ce montant dit oui à Network et soutient nos préoccupations, notre travail et nos valeurs. « Elitiste » semble un peu condescendant et, outre le montant de la cotisation, est possiblement lié à notre procédure d’admission. Cependant, le but de notre système de parrainage n’est pas de tester les nouveaux membres, mais plutôt de les intégrer. Qui aime se rendre seul à un événement Network sans connaître personne… ? Avec notre système de copains, nous accueillons les intéressés et leur donnons une base solide pour un temps d’association profitable. De mon point de vue – utilisé correctement – cette approche est toujours valable aujourd’hui.

Ou vois-tu Network dans 10 ans ?
L’essence de Network est la camaraderie et l’échange entre les leaders homosexuels et il en aura encore besoin dans dix ans. Il faut espérer que le réseau sera moins nécessaire sur le plan politique, mais il le sera certainement davantage dans le monde du travail, car les questions LGBT y seront toujours d’actualité dans dix ans. Pour l’association, j’espère qu’elle s’ouvrira encore plus au monde extérieur, qu’elle deviendra encore plus visible et qu’elle continuera sur la voie qu’elle a choisie.

Pour conclure, quelques questins personnelles: Qu’aimes-tu  ?
Ma chienne boxer Sophie, bien sûr. J’aime les montagnes, surtout dans les Grisons. J’aime la montagne en été autant qu’en hiver. J’aime passer du temps avec mes amis et cuisiner pour eux – d’un simple plat à un menu compliqué, tout est possible. Les cultures et villes étrangères : j’ai été autorisé à travailler et à voyager sur tous les continents du monde. Les gens directs et sincères.

Et que n’aimes-tu pas ?
La malhonnêteté et les personnes trompeuses. La chaleur extrême. Les serpents. Quand les gens sont en retard sans excuse ou qu’ils tripotent leur téléphone portable en permanence et les personnes qui ont une opinion mais ne la défendent pas.
 

Entretien: Michel Bossart
Traduction: Fred Bourdier